La désinfluence, vrai changement ou nouveau green-washing ?

Le « desinfluencing », ou la désinfluence en français, a déjà généré 345 millions de vues sur TikTok. Le principe ? Plutôt que vanter les mérites de tel ou tel produit face caméra, il s’agit désormais de le déconseiller, en expliquant pourquoi ça ne vaut vraiment pas le coup et en rappelant les méfaits de la surconsommation. Tout ça, sur le papier, a l’air très bien.

Cette mouvance arrive après les nombreux scandales concernant les « dropshipping » abusifs (achat de produits sur des sites pour les revendre plus cher sur son propre magasin en ligne), les recommandations vantant les mérites d’un produit jamais testé ni même acheté ou encore de la promotion d’arnaques. Alors qu’en France, les victimes d’influenceurs s’organisent à travers le collectif AVI, la résistance des internautes s’organise également via les réseaux sociaux à travers le concept de désinfluence. La Fédération des influenceurs et créateurs de contenu lancée la semaine dernière par l’agente de talents Magali Berdah, a pour but, elle, de « prévenir les dérives » et « rendre le métier plus sain ».

L’opinion publique et les internautes semblent tout de même s’interroger. Les influenceurs tentent toujours d’influencer leur auditoire : de ne pas acheter un produit, mais plutôt un autre. La « désinfluence » serait-elle une nouvelle forme de « green washing » servant à racheter une crédibilité aux influenceurs·ses auprès de leurs abonné·es? Selon une enquête de Reech, 68% des consommateurs estiment qu’il faut interdire les campagnes frauduleuses, 48% souhaitent plus de transparence sur les partenariats ou placements de produits, et 47% pensent qu’il faut cesser de faire la promotion de modes de vie superficiels qui ne ressemblent en rien à la réalité.

Le site The Conversation précise : les influenceurs créent une relation « para-sociale » avec leurs abonné·es. Cette relation est développée à distance avec un personnage médiatique. Bien qu’unilatérale, elle se fonde sur le sentiment d’intimité et un lien psychologique affectif. Le public croit et comprend le personnage médiatique. Cette relation parasociale constituerait un vecteur puissant de l’intention d’achat sur les réseaux sociaux, le marketing de l’influence représentant une industrie dépassant les 16 milliards de dollars en 2022.

Actuellement en France, une proposition de loi vise à encadrer les pratiques frauduleuses de certains créateurs de contenus qualifiés « d’influvoleurs » après plusieurs plaintes déposées. À suivre.

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